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credoC.R.E.D.O. ou l’ABC des croyances.

Ces temps troublés par le regain du terrorisme ont remis le mot croyances sur la sellette. Y réfléchir va bien au-delà de la croyance religieuse. Comprendre et penser la croyance comme concept est indispensable en formation, en management, en coaching. D’aucuns campent sur leurs positions, de manière plus ou moins ferme, et les rebaptise convictions, parfois profondes. Les mêmes jettent l’anathème sur les croyances de l’autre et ne croient plus un mot en la parole de l’autre.

Essayons d’y voir clair en nous appuyant sur un CREDO simple. Les croyances ont des caractéristiques, des repères, des effets, des développements et une organisation.

C comme caractéristiques.

Sommairement les croyances sont des assertions personnelles qu’une personne considère comme valide. Je préfère le mot assertion à celui d’affirmation. Une croyance peut s’exprimer de manière négative comme « je ne crois pas en Dieu ». Une croyance est donc une interprétation, un jugement posé sur la perception de faits. Je préfère aussi le qualificatif de valide à celui de vrai. La croyance est valable pour celui qui y adhère.

Si on cherche une définition celle d’Alain dans Définitions justement! en parle comme « …du mot commun qui désigne toute certitude sans preuve ».la croyance dans les Définitions d’Alain

Une croyance est une opinion donc. Les faits sont passés par plusieurs filtres avant de devenir croyance, opinion :

  • des filtres physiologiques qui sont nos 5 sens,
  • des filtres culturels de plusieurs cercles (familiaux, linguistiques, philosophiques, nationaux etc.)
  • des filtres individuels qui sont notre système de croyances et l’ensemble de nos attitudes, issus de nos expériences.

Même si elle est partagée par plusieurs millions de personnes, une croyance reste l’apanage d’une personne. C’est une personne qui se forge ou adopte une croyance, pas un collectif. Pendant longtemps on a cru la Terre au centre de l’Univers. Par contre il est juste de dire que des institutions adhèrent et véhiculent des croyances.

Les croyances sont donc relatives. Gandhi a écrit « chacun a son propre point de vue, mais il n’est pas impossible que tout le monde ait tort ».

Les croyances sont liées à un moment et un contexte donnés. Elles sont dotées d’une vie propre. Elles naissent, se développent et disparaissent, nous en parlerons dans la partie « développement ».

R comme repérages.

Les croyances se repèrent par leurs formes linguistiques. Elles se complaisent dans la généralisation, l’équivalence et la causalité. Prenons trois exemples. « Les hommes sont tous les mêmes » est une généralisation. « Le serveur a cassé un verre, il est maladroit » est une équivalence (X=Y) et «licencier est difficile, c’est ce qui explique le chômage élevé en France » est une causalité (X —> Y).

Les proverbes et dictons issues de la sagesse populaire représentent un excellent lexique de croyances, et vous apprennent à les repérer dans le langage courant..

Les croyances peuvent se cacher. Ce sont alors des présuppositions. Il faut compléter le discours de l’autre pour que celui-ci ait du sens. « Vous préférez la chaise ou le canapé » sous-entend qu’on vous invite à vous asseoir. « Ça ira mieux demain » sous-entend que le jour présent n’a pas été extraordinaire.

E comme Effets.

Les croyances sont importantes et indispensables à l’être humain. Nous avons besoin de sens et de cohérence. L’ensemble de nos croyances est une immense gare de triage qui nous permet de porter attention à ce qui nous importe puis à évaluer et décider. Dans de nombreuses approches de la personne humaine, dont la PNL (inspirée ici par Alfred Korzybsky) on parle de carte du monde pour nommer l’ensemble de nos croyances.

Sans croyance nous ne parviendrions pas à évoluer dans le monde. Les croyances nous permettent à la fois de gérer notre confort et notre efficacité. En termes d’attitude, l’inverse de la croyance est le doute. Utile, le doute est aussi inconfortable, il ébranle nos certitudes et nous demande d’affronter l’inconnu. C’est pourquoi il est rapidement insupportable de douter de tout, ou d’être face à une personne qui doute de tout (d’accord j’énonce une croyance ici !).

Les croyances ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles sont aidantes ou bloquantes selon les contextes dans lesquels on évolue. Ainsi la croyance « de nos jours les jeunes n’écoutent plus rien » n’a pas le même effet selon que la personne est enseignante ou non…..

D comme développement.

Les croyances sont vivantes. Elles naissent, évoluent et disparaissent parfois. Commençons par nous intéresser à la formation des croyances. Pour se mettre en place, une croyance a plus d’une corde à son arc ! et même plus d’un arc…

Adoption             on parle ici de croyances familiales, culturelles ou religieuses, on baigne dans un univers qui nous transmet les valeurs par mimétisme (exemple : les dents sont le reflet de la bonne santé).

Réaction             on parle ici de réaction forte, qui peut être positive ou négative (l’exemple le plus cité est celui de la morsure par un chien, qui installe la croyance chien=danger).

Cumul                  on parle ici de l’effet cumulatif (exemple : il pleut toujours en Normandie….avec la présupposition que chaque fois que j’y ai été il pleuvait).

Somme                de tout c’est-à-dire adoption + réaction + cumul. Dans la famille, belles dents=bonne santé +  la peur d’une bouche édentée jeune enfant + le plaisir du brossage rituel.

Cette même croyance peut s’affaiblir avec les mêmes approches. Se brosser les dents abîme les gencives + l’ami qui meurt avec toutes ses dents + toutes les belles dents qui sont de fausses dents.

Toute croyance peut finir par disparaître, ou se réduire, et parfois réapparaître. Les alternances de la foi religieuse en sont un exemple parlant.

O comme organisation.

Nos croyances sont organisées dans un système qui, comme tout système, recherche la cohérence et l’homéostasie. Les croyances qui n’entrent pas en cohérence avec notre modèle du monde sont rejetées.

Les croyances sont le propre des personnes, car elles sont dans la psyché de chacun de nous. Un ensemble de croyances partagées constitue un paradigme, qui est un système de représentations largement accepté dans un cadre spécifique, comme les religions et les sciences. Tout comme notre carte du monde, les paradigmes changent en  fonction de l’évolution des connaissances ou des perspectives ou du contexte (on se place différemment). Nous en vivons actuellement un excellent exemple avec la laïcité.

Il existe deux types de croyances celles qui concernent nos interprétations et celles qui concernent nos décisions. Ces dernières sont des règles qui vont régir nos comportements. Par exemple il faut se coucher tôt. Les philosophies et les religions ont des règles qui codifient le comportement, le meilleur exemple en étant les dix commandements.

En conclusion.

Pour terminer une phrase à méditer, pas nécessairement à adopter… « Vos croyances engendrent vos pensées, vos pensées engendrent vos paroles, vos paroles engendrent vos gestes, vos gestes engendrent vos habitudes, vos habitudes engendrent vos valeurs, vos valeurs engendrent votre destin » (Gandhi).