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CRPUn tiercé invariablement gagnant.

Le slogan « coopération, réciprocité, pardon » est issu de la théorie des jeux et des travaux d’Anatole Rapaport. Nous reviendrons sur son origine théorique plus tard. Son fondateur prône que dans les relations humaines la stratégie gagnante à terme est la coopération initiale, la réciprocité, le pardon.  Cette stratégie peut prendre une route vertueuse ou non, et le meilleur trajet est le plus court.

  • coopération -> réciprocité positive -> coopération
  • coopération -> réciprocité négative -> marquer le coup -> pardonner -> coopérer de nouveau.

La coopération consiste à échanger de manière gratuite ou non et à attendre un retour dans les termes de l’échange par exemple être payé dans les temps, recevoir une information utile, recevoir un mot de remerciement etc. Si on est « payé » de retour le cercle continue. Sinon on n’est pas payé de retour, il faut marquer le coup, c’est ce qu’on entend par réciprocité négative. Par exemple relancer, exprimer sa surprise face aux silences, s’étonner de ne pas recevoir des informations utiles. Toutefois on ne peut pas rester sur cette impression, il est donc important de pardonner. Le meilleur moyen de pardonner reste encore de revenir dans le mode de la coopération, ou de signifier dans sa communication « j’ai marqué le coup, maintenant revenons sur des bases saines ». C’est une pratique courante en négociation.

L’espace-temps du CRP.

Le cercle CRP s’inscrit dans le temps. La réciprocité est très souvent asynchrone, sauf dans le domaine de la politesse courante (en général on répond merci rapidement). Dans une équipe, si vous offrez votre aide, ce n’est pas pour en recevoir nécessairement une dans les minutes qui suivent.

Le cercle CRP s’inscrit aussi dans un espace, un groupe. On peut être payé de retour pas nécessairement par le membre du groupe auquel on a rendu service ou proposé quelque chose. Il en va de même dans la vie publique. Celui qui donne en retour un service public est rarement celui à qui vous avez payé impôt ou cotisations.

L’art subtil de la proportionnalité.

Une des difficultés du modèle dans la vie pratique (et dans la vie politique et diplomatique) est lié à la réciprocité. Elle ne doit pas être comprise comme la loi du talion. La réciprocité implique de donner en retour et de prendre en compte la proportionnalité. Dans un cadre positif, si on vous offre un bouquet de fleurs, il n’est pas utile d’offrir un arbre. Dans un cadre négatif, si on vous bouscule dans les transports ou dans la rue, il n’est pas utile de provoquer une bagarre. Avoir une réponse disproportionnée dans les deux sens casse la coopération. Si vous répondez dans une moindre mesure, l’autre se sent déjugé. Si vous répondez outre mesure l’autre se sent agressé et on entre dans l’escalade des paroles ou des actes. Ce phénomène est bien connu en diplomatie et dans la vie militaire. En entreprise, la proportionnalité pilote le principe de gradation dans l’échelle des sanctions/récompenses. Dans le droit, la proportionnalité est une base d’appréciation de la légitime défense.

Point besoin d’altruisme.

Le modèle CRP est intéressant car il est simple et permet de créer un cercle vertueux dans les rapports humains. Il n’est pas nécessaire d’être altruiste pour coopérer, les égoïstes peuvent coopérer spontanément et fréquemment car ils y voient un intérêt. L’enjeu débute par contre quand il faut donner en retour. Mais c’est pour la prochaine édition!