Philographique: un ouvrage de signes pour répertorier les -ismes.

Je vous recommande pour le plaisir, la découverte et la curiosité le nouvel ouvrage de Genis Carrerras (en savoir plus sur carrerras) chez Tana éditions. Graphiste de renom, catalan vivant à Londres, l’auteur a répertorié 95 « grandes théories et les a illustré par des dessins géométriques simples ». Son dictionnaire philo-graphique se limite toutefois aux -ismes! . .

Qu’est-ce qu’un -isme?

C’est un suffixe provenant du grec « ismos » et qui permet de nommer trois concepts: soit une théorie, une croyance ou une théorie (existentialisme), soit un état ou une qualité (professionnalisme) soit un comportement (exhibitionnisme) ou une maladie (saturnisme). Les « -ismes » sont nombreux et ont proliféré au XXème siècle, tant en français qu’en anglais, qui prend juste la peine de laisser tomber le e à la fin. L’allemand lui préfère « ung » ou alors le ismus.

La démarche de Carrerras.

il la définit dans sa préface. Il souhaitait fusionner le monde de la philosophie et celui du design, écrivant que « …l’un est complexe et chargé de sens, l’autre vite consommé et fait pour séduire le regard. ». C’est aller un peu vite en besogne et négliger le sens de l’un des « -ismes » de l’ouvrage: le formalisme, « vision selon laquelle dans tout produit culturel, c’est la forme plutôt que le contenu qui fournit la véritable signification ». Donc la forme n’est pas que séduction, elle est aussi matière à réflexion. C’est tout à l’honneur de l’auteur, car son projet initial voulait parler aux jeunes pour qui la philosophie reste trop abstraite.

Primauté de l’analogique.

Si l’objectif était de fusionner philosophie et design (concept et image), dans le résultat l’image prime sur les mots. La disposition est identique dans tout l’ouvrage, une page de droite avec l’image en pleine page et à gauche le terme du concept et sa définition en deux ou trois lignes sur fond blanc. L’art du graphiste a pris le pas sur les mots du philosophe, Côté positif on peut largement annoter les pages de gauche. Peu importe, cette primauté de l’analogique nous rappellera que dans certaines situations, une image vaut mille mots! En coaching, en formation, en management.

Plaisir de la découverte, surprise de la traduction.

Sur les 95 définitions, vous êtes certain de tomber sur au moins une inconnue et plus d’une fois de relire la définition, parfois absconse. Par exemple connaissez-vous l’extropianisme? Selon l’ouvrage c’est « le système moral attaché à négocier le développement progressif de la condition humaine, qui se produit en fonction des avancées de la technologie ». En plus bref, ce serait la foi en un progrès illimité grâce et par la technologie et les techniques. Et en cherchant à en savoir plus sur ce terme, on apprend que c’est une des composantes du transhumanisme, grande théorie des gourous de la Silicon Valley.

Le design du management.

Je pense que cet ouvrage m’a aussi frappé à cause de mon passé. Chez AXA, j’avais conduit un projet de conception d’un alphabet du management du Groupe sous la forme d’un alphabet de 28 concepts. Cela a été un des plus stimulants projets de ma vie professionnelle, et en sus très instructif sur la force des images et les enjeux culturels attachés aux signes. Pour voir un exemple de ce travail, vous pouvez utiliser le lien suivant : rapport annuel axagrams.

Et pour finir on peut se demander à quand un ouvrage sur les « -ités »? Comme liberté, égalité, fraternité!